Les intervalles de Pythagore

J'ai brièvement mentionné les "intervalles de Pythagore" dans des "yuzunote" précédents. Je souhaite revenir sur ce sujet avec un peu plus en détail.

Les intervalles de Pythagore représentent un accord ascendant ou descendant d'une quinte à partir du "La". Les mélodies sonnent magnifiquement en utilisant cet accord. Les notes, altérées par un dièse ou un bémol, sont respectivement un rien plus hautes ou plus basses que les demi-tons 《tempéré 》 Ainsi, Do bémol est légèrement plus bas que Si. Un ton est divisé en 9 commas. L'intervalle Si-Do est de 4 commas (demi-ton diatonique) et l'intervalle Do-Do bémol est de 5 commas (demi-ton chromatique).

Le ton peut aussi être divisé en 22 intervalles appelés invars. L'invar est l'intervalle le plus petit perceptible par l'oreille humaine A l'exposition internationale de Bruxelles 1958, un piano avait été accordé par invars. Il ne possédait pas de touches noires. En opérant un glissando sur le clavier, le son émis ressemblait au son émis par une sirène.

En pratique, on accorde un violon par ses cordes à vide qui sont Mi La Ré Sol. Il en résulte harmoniquement la tierce majeure. Le système de Pythagore génère des harmoniques qui, selon la note jouée, ne respecte plus les notes déterminées par les cordes à vide. Ainsi pour les instruments à cordes et en général pour ceux de l'orchestre, il convient de s'ajuster selon le mode des cordes à vide.

Une intonation juste mélodique est un mode d'accord dont l'échelle est constituée de sons qui appartiennent uniquement à la série des harmoniques naturels et cela sonne magnifiquement.

Pour les instruments à clavier l'accord de l'instrument est un compromis résultant du fait qu'une même touche est sensée s'accommoder de l'écart d'un comma entre la note inférieure affectée d'un dièse et la note haute affectée d'un bémol. Ceci permet qu'une musique sonne correctement quelle que soit la tonalité choisie. Il en résulte aussi que la même note peut porter un nom différent puisque Do bémol devient Si et Fa bémol devient Mi.

Le génial Bach a produit 48 superbes préludes et fugues pour claviers bien tempérés. Datant de la période baroque, ils constituent la manière d'accorder les pianos actuels. A titre d'information, il existe aussi une autre interprétation du mot tempéré. Elle proviendrait du sens donné par le mot original "tempere" signifiant un ajustement de température de la pièce. La note fondamentale d'une corde varie en effet avec la température. L'usage du mot tempéré en relation avec la température pourrait donc être une notion pertinente et complémentaire également.

J'ai parfois le sentiment que certains pianistes s'accommodent mieux que d'autres de la notion d'intervalles. Comment cela se produit-il ? Pourquoi la note émise par une même touche peut-elle sonner harmonieusement ou pas ? C'est lié à la balance entre les sons forts et faibles. Une harmonie correcte résulte d'un troisième ton un peu plus faible.

Les intervalles doivent varier subtilement selon que le violon soit accompagné ou pas d'un instrument à clavier. Récemment j'ai découvert que la guitare s'accorde avec une quarte juste et une tierce majeure ce qui induit des difficultés pour accompagner d'autres instruments à cordes comme le violon. Une quarte juste et une tierce majeure est exactement ce que j'utilise pour enseigner l'échelle harmonique des tierces majeures.

L'accord des notes graves présente un autre aspect d'harmonie. La tessiture de la note basse doit être modifiée selon que la mélodie est ascendante ou descendante. Lorsque la mélodie est descendante, un demi-ton joué trop haut, ne sonnera pas correctement.

Il y a une infinité d'observations.
Quelle méthode pouvons-nous considérer comme correcte ? Que sont les bons intervalles ?

Actuellement, comme signalés plus haut, les intervalles de Pythagore sonnent bien pour les mélodies, les intonations sont correctes pour les harmoniques, mais le mode tempéré est meilleur lors d'un accompagnement de piano. Dans des cas marginaux, ce qui sera utilisé sera, in fine, une question de préférence et de goût personnel.

Sur un plan technique, il faut donc être capable de réaliser des intervalles adéquats. C'est un baromètre facile pour reconnaître la qualité d'un interprète ou pour ressentir qu'il joue faux. Toutefois jouer faux n'est évidemment pas lié au seul respect d'intervalles corrects.

Je suis toujours concernée par les intervalles. Après divers essais, ma conclusion est que le bon intervalle est celui qui permettra le développement d'une musique harmonieuse.

"La musique" doit s'exprimer naturellement.

Août 2009
à Bruxelles
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