Nouvelles de Courchevel
Que le temps passe !! C'est déjà la quatrième année du séminaire d'été organisé dans les Alpes françaises. Beaucoup devaient attendre cet événement puisqu'il y avait beaucoup plus de participants que les années précédentes. La diversité des nationalités également : Japonais, Belges, Français, Anglais, Irlandais et Singapouriens.
Si certaines figures m'étaient familières, d'autres étaient nouvelles pour moi. Il me fallait saisir les attentes de chacun des participants. Que faire en dix jours de temps ? Donner des leçons est certes un élément de ces contacts, mais découvrir les élèves par des conversations occasionnelles en est une autre. Leur objectif est évidemment l'acquisition de choses utiles pour leur avenir.
Parfois nous jouions le soir quelques jeux de cartes, mais nous avons également fait de la grimpette comme d'habitude. Le temps était exceptionnellement beau, peut-être l'avions nous mérité. Dimanche, profitant d'une journée de repos, sans cours, nous sommes partis dès matin nous balader en montagne. Nous avons bifurqué au niveau du téléférique.
Il n'y avait aucun nuage dans le ciel. La promenade était vraiment merveilleuse. Le Mont Blanc était parfaitement visible derrière nous.
Dès que j'eus suggéré de faire cette promenade, les élèves, comme d'habitude ont pris la balle au bond.
En haut, il y avait un lac de montagne de couleur bleue. Un jeune Français très dynamique m'a dit ≪ L'autre jour j'ai grimpé au sommet et cela ne m'a pas pris plus de 2 à 3 heures. A partir des téléfériques, une heure devrait suffire≫. Je fus vraiment naïve de le croire.
Nous marchions dans des conditions difficiles. Nous sentions l'air se raréfier de manière sensible vers les 2500 m et à 14 heures le soleil dardait violemment sur un sentier de montagne qui grimpait méchamment. Ce dernier semblait interminable et ma respiration devenait de plus en plus courte. Seule ma fille Michiko qui pratique le triathlon ne semblait pas peiner. Elle me lança ≪ Allez, Maman…, nous sommes presque au bout ≫
J'ai bu l'eau si douce du ruisseau avant d'arriver, enfin, à ce lac. Il était plus petit que je ne l'avais imaginé, mais il a permis de me rafraîchir lorsque, dans son eau froide, j'y ai trempé les pieds. Deux étudiants y ont nagé alors que des enfants jouaient à faire rebondir des cailloux à sa surface, un jeu universel. Derrière nous il y avait le Mont Blanc. Je me suis assoupie un instant.
Sur le retour, nous marchions d'abord précautionneusement, le sentier étant très rocailleux puis je me suis mise à courir sporadiquement trouvant trop ennuyeux d'avancer aussi lentement. Lorsque ma sœur et moi étions enfants nous nous promenions souvent avec nos parents. Des souvenirs me sont revenus. Alors que nos parents nous demandaient de marcher lentement nous faisions des allées et venues incessantes en courant sans prendre le temps d'admirer les fleurs en bordure du chemin. Mes enfants doivent avoir hérité de ce trait de mon caractère.
Des vaches beuglaient et leurs clochettes résonnaient. Cela m'a rappelé qu'à l'occasion d'une promenade en Suisse j'avais refusé de poursuivre la montée au-delà d'un relais de chemin de fer de montagne appelé Kleine Scheidegg. Je craignais que l'altitude n'altère l'audition de Michiko qui n'avait que quatre mois. Et, portant Michiko en attendant le retour des autres personnes, je fus un instant entourée par des vaches. Que de temps a passé, elle a tellement grandi .
Il y a des moments où une communion des âmes se fait sans distinction de générations ou de races. Nous ressentions la petitesse de l'être humain dans cet environnement de montagnes gigantesques et pensions à la richesse de nos sensations échangées entre-nous.
Remise à zéro. Cet été restera un vécu partagé en commun.
à Courchevel